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§onges de B£ylise

§onges de B£ylise
  • Bienvenue dans mon monde fou les amis! Ce blog est l'expression de mon imagination débordante dans laquelle nait des histoires originales yaoi (entre hommes uniquement) dans des univers loufoques, sombres et surprenants! Laissez-vous tenter! =D
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7 mai 2016

Chapitre 1: Bienvenue à Raxon City

Il fait nuit noir. L'intérieur du car est éclairé par la seule lumière de la pleine lune. Je suis coincé dans cet enfer roulant depuis presque 7H. Pourquoi le mot "enfer"? A cette heure tardive le bordel général a laissé place aux ronflements, aux papotages entre insomniaques et... Attendez, c'est quoi ces bruits suspects?! Je suis toujours assis sur mon siège à moitié défoncé, je me retourne et surélève légèrement la tête. J'ouvre grand les yeux MAIS J'Y CROIS PAS! Je vois le couple de catcheurs qui se sont mis salement sur la gueule un peu plus tôt entrain de forniquer comme des bêtes sans la moindre once de pudeur! La fille a grimpé sur les cuisses du gars qui a son jean et son boxer noir à ses chevilles. Leurs gémissements obscènes et leurs insultes, oui même pendant l'acte, n'ont l'air de déranger que moi puisque leurs voisins dorment à poing fermé. Les quelques personnes encore éveillées matent la scène sans gène avec des mines soient dégoutées ou des sourires pervers. Je soupire et tente de me réinstaller le plus confortablement possible. Je sens un regard sur moi. Je tourne la tête vers la gauche et vois mon voisin, style routier dans la cinquantaine à la casquette verte et au ventre bedonnant dégoulinant d'un vieux T-shirt d'AC/DC délavé, me fixer sans expression:

- Y'a un problème?  sur un ton agressif

- Qu'est-ce que tu fous dans ce car petit?  voix erraillée

- sourcils froncés par l'agacement et l'haleine puant le tabac   En quoi ça vous concerne?

- Tu réponds toujours à une question par une autre question?  petit sourire en coin

- Et vous posez toujours des questions indiscrètes à des inconnus?

Il laisse échapper un rire rauque et sort un paquet de cigarettes avec un briquet à l'intérieur de la poche de son jean taché. Il glisse une clope entre ses lèvres et l'allume:

- On n'est pas censé fumer dans un car. Ayez un peu des respect pour les personnes qui vous entourent et qui ne veulent pas être intoxiquées.  mine dégoutée

- Personne ne fais attention. Ils sont bien trop occupés à pioncer ou à reluquer le film porno en direct au fond du car qui a l'air de choquer tes pauvres petits yeux de puceau!  ton sarcastique

Je ne prends pas la peine de répondre et glisse les écouteurs de mon Mp3 dans mes oreilles. Il tire sur sa cigarette:

- Je sais que tu m'entends. Ton machin n'a plus de charge depuis un sacré bail!

- soupirant une nouvelle fois  Qu'est-ce que vous me voulez à la fin?!

- Blablater. J'me fais chier! Je suis trop excité à l'idée de revoir ma ptite famille pour m'endormir.

- Et je suis censé être votre passe-temps, c'est ça?

- T'as tout pigé! Atkins enchanté.  sourire amical

Il me tend sa grosse main velue et j'hésite à la saisir. Je l'observe un instant. Il a les traits tirés d'une personne qui se tue au travail. Des rides d'expressions marqués qui creusent son visage et le rendent surement plus vieux qu'il ne l'est réellement. Ses yeux d'un bleu clair plutôt rare sont incroyablement cernés et dégagent une grande gentillesse. Oui. Il a une apparence grossière, rustre et des manières dégoûtantes. Mais son regard exprime juste de la douceur et son sourire est très avenant. Je retire mes écouteurs qui me sont inutiles:

- saisissant sa main  Théo. Je vous préviens, j'suis pas doué pour faire la conversation.

- J'serai assez causant pour deux. Alors, tu vas enfin me cracher pourquoi un gamin dans ton genre vient s'enterrer dans un trou comme Raxon city?

- détournant le regard   Je... je n'ai pas le choix.

- Je m'en doute bien. Personne ne mettrai un pied dans cette putain de ville sans y être contraint et forcé!

- levant un sourcil   Cette ville craint à ce point?

- Tu l'sauras bien assez tôt.  il prend une taffe et recrache la fumée   J'vais te parler de moi, peut-être que ça te détendra un peu du slibard! J'suis chauffeur poids lourd. Je transporte de la marchandise alimentaire des entrepôts de fabrication vers les grandes chaines de magasins. Surtout de la bidoche! C'est pas kiffant n'est-ce pas?

Mes sourcils se lèvent sous la surprise, il rit une nouvelle fois. Je crois que cet homme est un ditributeur à sourires, sincèrement. Pourquoi je n'avais pas fais attention à ça plus tôt? Je sais. J'étais enfermé dans mon monde avec ma musique à m'en crever les tympans. Et par dessus tout je l'ai jugé. Je n'ai vu qu'un gros bohomme dégueulasse sans valeur. Oui, je peux être vraiment con parfois:

- C'est ma pisseuse, qui doit avoir à peu près ton âge d'ailleurs, qui m'a appris ce mot "kiffant"! J'vis seul en ville dans une ptite piaule qu'un ami m'a dégoté. C'est pas l'grand luxe mais ça m'suffit. Et puis mon vrai chez moi se trouve à Raxon City. Cette ville, je lui chie à la gueule! Parce qu'elle est pourrie jusqu'à l'os. J'ai dû partir en ville pour chercher du boulot. Et dès que j'aurai assez de pognon, j'ferai venir les miens pour avoir une vie meilleure tous ensemble.

- Vous semblez avoir une grande famille, je me trompe?

- On a quatre marmots et un cinquième dans le four!

- Bah vous avez pas perdu votre temps dit donc! A votre âge, c'est encore prudent d'avoir un bébé en route?  il écarquille les yeux   Oh désolé, je dis souvent ce qui me passe par la tête!

Il éclate une nouvelle fois de rire. C'est assez communicatif. J'esquisse un bref sourire à mon tour. Il pose un regard que j'estime bienveillant sur moi:

- J'sais que j'fais plus vieux que mon âge mais à 44 ans j'pense encore être capable de marcher sans déambulateur!

- Je ne voulais pas vous vexer, désolé.  baissant le regard

- Pas de soucis petit.  il touche l'alliance à son annulaire gauche   Ma femme, c'est la lumière de ma vie. J'ai pas honte de dire que j'suis que dalle sans elle. Ma famille c'est la seule raison pour continuer d'avancer dans ce gros bordel plein d'emmerdes qu'est la vie. Si je me bats c'est pour eux. La semaine je travaille. J'peux pas me permettre de payer le car tout les week-end pour rentrer à la casa, même si j'en crève de ne pas les voir! Mais mon patron m'a donné une semaine de vacances, alors j'en profite pour les rejoindre.

Son discours me touche. Je sens que c'est un homme simple qui aime profondément sa famille. Il est capable de tout pour la protéger. Sa sincérité est destabilisante et me renvoie à ma solitude. Si seulement je pouvais avoir quelqu'un qui m'aime à ce point. J'ai connu cet amour sens limite grâce à mes parents. Tout les trois on formait une petite famille. Certes pas parfaite mais soudée et aimante. Maintenant qu'ils ne sont plus là, qu'est-ce que je suis censé faire? Les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse rien contrôler:

- Hey petit, ça va?  se penchant vers moi  T'es pas obliger de m'parler de toi. Mais si le coeur t'en dis, j'peux la boucler et t'écouter.

après un moment de silence  J'ai été obligé de prendre ce bus parce que... les membres de ma famille qui me restent se trouvent dans cette ville pourrie comme vous dites. Je n'ai plus personne à part eux. Et je ne les connais pas réellement ça fait tellement longtemps que l'on n'a plus de contact.

- Je vois.  voix adoucit  Soit juste heureux d'avoir des gens sur qui tu peux encore compter. Au moins, tu te retrouves pas tout seul comme des tas d'autres gamins qui ont des vies encore plus pourries que la tienne. Et pis, même si les circonstances sont nulles, t'auras du temps pour faire leur connaissance et apprendre à les aimer.  clin d'oeil

Ces mots me donnent bizarrement chaud au coeur. Cet homme est loin d'être con. Nous passons le reste de la nuit à discuter de tout et de rien. Je ne livre rien de personnel mais le fait de parler pour ne rien dire me fait plus de bien que je ne l'aurai imaginé. Le temps passe plus vite et le fait de ne plus me concentrer sur ma petite personne me donne un semblant de répis. Après avoir épuisé notre stock de salive, mon voisin fini par s'endormir la bouche grande ouverte. Très classe! Mes yeux se perdent dans l'immensité du désert à travers la vitre. Qu'est-ce qui m'attends là-bas? Est-ce que j'arriverai à m'adapter à cette nouvelle vie? Le bonheur se trouve t-il au bout de cette route? Le poids présent dans mon coeur depuis leur disparition s'alourdit un peu plus sous l'effet de mes questions sans réponses. Le car laisse une large trainée de poussière sous son passage. Je me demande comment le conducteur fait pour rouler aussi longtemps sans repos. Et surtout, comment fait-il pour se repéré dans ce vide total? Plusieurs heures plus tard, au moment où je commence à somnoler contre la vitre, je sens mon corps balancé violemment contre le siège de devant sous l'effet d'un grand coup de frein:

- Mais il est complêtement taré ce chauffeur!  me frottant le front

- On est enfin arrivés! Bordel, j'sentais plus mon cul à cause de ce siège de merde! Aller bouge toi petit!

Il se lève en se frottant les fesses et emprunte le chemin principal entre les deux rangées de sièges. Le temps de remettre mes idées en place en secouant la tête puis je suis la file de passagers.

Lorsque je pose un pied sur le sol arride, je me dégourdis enfin les jambes et en profite pour prendre une grande inspiration. Mauvaise idée. L'air écrasant où vole des grains de sable mélangés à la fumée que dégage le car dont le moteur tourne encore me fais cracher mes poumons. Le soleil n'est pas encore complêtement levé, quelques lumières rouges/orangées se laissent apercevoir à l'horizon. Un brouhaha se forment autour de moi. Les passagers se bousculent pour récupérer leurs valises dans la soute du car au lieu de faire la queue de façon civilisée. Désespérant. Je préfère attendre quelques minutes sur le côté en croisant les bras, histoire de ne pas mourir bêtement sous la cohue. J'en profite pour jetter un coup d'oeil devant moi et commence à prendre conscience de ce qui m'entoure. Ce qui semble être une ville se trouve là, en plein désert. Pas d'immenses buildings ni de bétons. Mais je peux voir à quelques mètres des bâtiments, des panneaux publicitaires et des feux tricolors. Le bruit grouillant de la ville parvient jusqu'à mes oreilles. Un pauvre panneau en bois planté dans le sol indique avec une peinture blanche écaillée "Bienvenue à Raxon City". Simple et efficace. Mes yeux se plissent et devinent un sexe d'homme grossièrement taillé au couteau je suppose dans la planche. Bien, au moins ça donne le ton. Des voitures sont stationnées dans tout les sens devant le car. Certains tombent dans les bras de personnes venues les chercher, d'autres prennent le chemin à pied pour rentrer dans la ville leurs sacs à la main:

- Oh gamin t'es le dernier! Récupères tes affaires pour que je puisse déguerpir d'ici!

Je vois que le chauffeur ne veut pas perdre son temps. Pourquoi est-ce qu'il semble vouloir fuir les lieux à tout prix? Je me bouge, récupère mon sac et ma valise. Il referme la soute sans un regard, remonte dans son car et file à nouveau vers l'horizon. Putain de nuage de poussière tu veux ma mort! Une fois dissipé, je vois mon voisin entouré de toute sa marmaille.  Sa femme avec un ventre plus que rond a le regard débordant d'amour pour lui. Quant à lui, son visage aux traits tirés est plus radieux que jamais. Il soulève son petit dernier haut comme trois pommes pour le prendre dans ses bras et son regard croise une dernière fois le mien:

- Tu vas te démerder petit?

- léger sourire   Je survivrai mais merci de vous en soucier.

- Alors il est temps pour moi de profiter des miens. A la revoyure gamin!

Il entraine toute sa tribu dans une vieille caisse, prends le volant et s'en va rapidement. Voilà une rencontre dont je me souviendrai! Mes yeux se perdent dans le vide. Et si personne ne venait me chercher? Après tout ils ont tout simplement pu m'oublier. Et comment ils sont censés me reconnaître? J'aurai dû emmener une pancarte avec mon nom inscrit dessus. Les services sociaux sont censés les avoir prévenu de mon départ de la grande ville n'est-ce pas? Je ne vais quand même pas me mettre à hurler leurs noms dans la foule? Ne panique pas Théo, c'est pas le moment.

C'est sûr. Je vais crever, déséché et carbonisé comme un chien. Cela va faire plus d'une demi-heure que j'attends assis sur ma valise. Les faibles rayons de soleil matinaux se reflètent sur ma peau. Il n'y a plus personne autour de moi. Je me sens vraiment con. Je commence réellement à perdre espoir et avoir la trouille quand soudain:

- cri  THEODORE! C'EST TOI COUSIN?!

Qui a osé dire mon prénom en entier?!! Je lève la tête et vois un grand black d'à peu près mon âge se diriger vers moi au pas de course. Il porte un débardeur blanc simple moulant son corps que l'on devine finement sculpté, sous une veste en jean usée, avec un pantalon en cuir troué et aux pieds des Vans montantes noires et blanches.  Une chaine en argent autour du cou, de nombreux piercing aux oreilles, à l'arcade et à la lèvre. Autant dire que ce mec a un style étudié. Le détail qui tue? Ses dreadslocks lâchées jusqu'à demi-épaules qui se baladent au gré du vent dans l'élan de sa course. Je me mets debout face à lui. Je ne sais pas quoi faire. Je détaille ses traits et me souvient d'une bouille plus enfantine avec laquelle je jouais aux Powers-Rangers. Il s'arrête à une certaine distance et lui aussi hésite à faire un pas vers moi. Il m'observe à son tour. Puis un sourire éclatant fend son visage. Il a un charme fou, il faut le reconnaitre:

- On reste plantés là comme des couyons ou on se prend dans les bras?

- Je... euh...ne sais p...

Aussitôt dit, il m'attire contre son torse en me saisissant par l'épaule. Je ne réagis pas et ne participe pas à l'échange. Ok ses muscles, c'est pas du chiqué! Mes bras restent le long de mon corps alors que mon esprit profite de sa chaleur corporelle. Ses mains me caressent lentement le dos, le fait que je reste immobile n'a pas l'air de le déranger:

- J'espère que tu te rapelles au moins de mon nom crevette!

- Tu es... Lonny.

- C'est ça! Je suis tellement content de te revoir!

Il me relâche un peu. Il replace son visage en face de mien et continue de me détailler du regard. Je crois qu'il n'a pas la notion d'espace personnel. Sa main gauche a glissé en bas de mon dos tandis que la droite remet une de mes mèches ondulées derrière mon oreille. Je soutiens son regard noir pétillant. Il fais une tête de plus que moi. N'importe qui dirait que nous sommes un couple en pleine retrouvailles d'un point de vue extérieur. Cette extrême proximité me gêne et me réconforte à la fois. J'ai du mal à me comprendre parfois:

- voix douce   Tu avais osé oublier ma magnifique personne, n'est-ce pas?

- Tu vas me faire croire que j'hantais chacune de tes pensées pendant toutes ces années?

- Tu es toujours resté dans un coin de mon esprit.

Il m'a dit cette phrase avec tellement de sérieux que j'en ai un frisson. J'ai un peu honte de l'avoir complêtement zappé de ma vie de mon côté. Quoi que maintenant qu'il se trouve juste là, les souvenirs commencent à envahir mes pensées:

- Tu dois être épuisé, désolé de t'avoir fais poireauter. Petit contre-temps à gérer.

- Je... ce n'est rien.

- Allons-y, les filles t'attendent avec impatience!

Il me prends par la main, comme si c'était un geste naturel et habituel entre nous. Il soulève mon sac et le balance sur son épaule droite tandis que je saisis ma valise à roulette de ma main libre pour la trainer derrière moi. Nous marchons quelques mètres jusqu'à un énorme 4X4 noir tout terrain. J'étais tellement perdu dans mes pensées plus tôt, assis sur ma pauvre valise, que je n'ai même pas entendu ce monstre roulant arrivé. 0 point pour l'écologie!  Il balance mes affaires dans le coffre et m'ouvre rapidement la porte côté passager:

- Je suis encore capable d'ouvrir une portière.

- Je suis un vrai un gentleman, surtout avec les demoiselles en détresse dans ton genre!   clin d'oeil

Je soupire bruyamment et finit par monter dans l'engin. Je dirai même que l'effort relève de l'escalade. J'entends son rire avant qu'il claque la portière et rejoigne le côté conducteur. Il tourne le contact et nous filons tout droit à pleine vitesse vers la ville. Je vois mon reflet dans le rétro latéral. Avec ma peau à hâlée, mes yeux verts et mes cheveux bruns bouclés difficilement maitrisés par un chignon destructuré tout le monde aurait du mal à croire que nous sommes de la même famille. Les joies d'être métisse! Nous pénétrons enfin au coeur de cette ville et je n'y crois pas mes yeux:

- Bienvenue à Raxon City cousin, la ville de tout les vices!

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9 avril 2016

Prologue

Il fait une chaleur à crever dans ce foutu car!


Les pleurs d'un gosse, les ronflements d'un vieillard, un couple qui se déchire et l'autre ruminant assis à côté de moi qui mâchouille avec un bruit insupportable son chewing-gum. Je suis à deux doigts d'atomiser ce car de malheur. Moi y compris. De toute façon, qu'est-ce que j'ai encore à perdre? Ma vie a t-elle encore une importance?


J'entends des cris provenant du fond du car. Je me retourne en appuyant mon avant-bras sur le dossier de mon siège à moitié défoncé et relève la tête pour voir le couple de gueulards en venir carrément aux mains. La fille crache au visage du type qui riposte en lui balançant son poing en pleine face. Des personnes tentent de s'interposer mais ces deux-là font preuve d'une violence assez inouïe. Comment peut-on se détruire à ce point après s'être aimé si fort? C'est un mystère que je ne comprendrai jamais.


Je soupire, me réinstalle aussi confortablement que possible et sort mon vieil Mp3 de la poche de mon jean. Je jette un dernier regard à mon voisin qui colle son chewing-gum sans goût sous le siège devant lui. Répugnant. Puis je mets mes écouteurs, allume mon appareil et appuie sur play. La douce mélodie de "Snow Patrol - Chasing Cars" résonne dans mes oreilles, ce qui a pour effet immédiat de me plonger dans mon propre monde. Un monde où je n'ai plus de repères. Un monde désormais fait de solitude. Un monde obscure, froid et effrayant. Cette douce mélancolie me réconforte étrangement et je bascule ma tête sur mon côté droit pour la poser contre la vitre.


Je vois le paysage défiler sous mes yeux cernés. Nous sommes presque à la sortie de la ville. Le couché du soleil est caché par les grands buildings. Je jette un dernier regard sur les devantures des magasins où j'avais toujours eût l'habitude de flâner, les rues que j'arpentais à toute vitesse sur mon skateboard entouré par mes amis d'enfance et même le poste de police auquel j'avais quelques fois rendu visite à cause de mes nombreux tags sur les bâtiments publics. J'esquisse un sourire triste.

Je dois dire adieu à mon ancienne vie. A mon ancien moi. Effacer ces souvenirs de ma mémoire qui ne font qu'intensifier la douleur que je ressens dans tout mon être. Je vois mon propre reflet dans la vitre. Je m'insupporte. Je ferme alors les yeux et me laisse emporter par la musique seule témoin de mon désespoir.

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